Tic-tac. Le compte à rebours du Brexit arrive à terme : dans exactement 21 jours, le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne sera officiellement en vigueur. Alors que les négociations ne semblent toujours pas trouver grâce ni aux yeux des britanniques, ni aux yeux des européens, Londres planche ainsi sur un projet de libéralisation totalement inédit dans le monde en cas de Brexit dur. Le point.
Londres pourrait supprimer 80 à 90% des droits de douanes en cas de Brexit dur
Le gouvernement britannique et l’Union Européenne peinent à trouver un accord. Alors que la date de sortie du Royaume-Uni se rapproche de plus en plus, Londres se prépare ainsi au pire scénario : celui du Brexit dur.
C’est pour compenser les effets d’une sortie de l’UE que, selon Sky news, Londres plancherait sur un projet visant à libéraliser au maximum son commerce international. Mesure choc évoquée par la chaîne de télévision d’information en continu anglaise : la suppression de 80 à 90% des droits de douane sur les produits importés.
Toujours selon Sky News, la première ministre Theresa May dévoilera ce dispositif « secret » (qui ne l’est maintenant plus vraiment) si elle échoue une nouvelle fois à faire approuver son accord par les Vingt-Sept le mercredi 12 mars. Dans ce cas, le lendemain, le 13 mars, les députés britanniques devront alors se prononcer pour ou contre une sortie sans accord.
Les 10 à 20% de droits de douane conservés concerneraient les produis made in UK les plus sensibles à la concurrence tels que les voitures, certains textiles, les produits laitiers et la viande (bœuf, agneau). Le reste serait donc exempt des tarifs douaniers pour le moment en vigueur, ce qui permettra de maintenir à la baisse les prix des articles importés.
Dans ce cas de figure, le Royaume-Uni deviendrait l’un des pays les plus libéraux du monde, un dispositif audacieux qui n’est pas sans risque pour les résidents britanniques. Certains, comme l’industrie sidérurgique, craignent déjà qu’une telle mesure favoriserait la concurrence déloyale. Le dispositif serait alors testé sur un an.
Avec ce plan secret, Londres espère minimiser les barrières au commerce extérieur qu’engendrerait un Brexit dur.
En France, la douane peine à se préparer à un Brexit dur
Si le Royaume-Uni surprime bel et bien 80 à 90% des droits de douanes, cela n’aura aucune incidence sur les barrières commerciales physiques qui seront mises en place le 29 Mars. La France se prépare ainsi au scénario du Brexit dur avec la décision d’embaucher 700 postes supplémentaires dans les postes de douanes (notamment à Dunkerque, Calais et Dieppe).
Mais les agents des douanes estiment que cette mesure ne permettra pas d’absorber les temps supplémentaires de contrôle de chaque camion. Ainsi, depuis lundi 04 Mars, les douaniers de Calais et de Dunkerque organisent une grève du zèle pour prouver leur point de vue. Ils effectuent ainsi des contrôles « plus poussés » des poids lourds.
Cela entraîne des kilomètres d’embouteillage : 3 000 camions sont ainsi à l’arrêt sur des aires de stockages, créant entre autre 15 kilomètres de bouchons sur l’A16. L’Unsa-Douanes dénonce cette grève du zèle, qui exerce des contrôles non-obligatoires. En effet, seul les contrôles de sûreté, et non les contrôles de lutte contre la fraude, sont obligatoires.
Les autres points de douane affectés par le Brexit ne semblent pas suivre le mouvement. Du côté informatique, la France met régulièrement à jour ses données de douane Delta afin de rendre le plus fluide possible le divorce du Royaume-Uni et de l’Union Européenne. Le ministre de l’action et des comptes publics Gérald Darmanin multiplie enfin les rencontres avec les douaniers pour calmer leurs inquiétudes.
Quelle que soit l’avenir du lien entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne, une chose est sûre : la pilule du Brexit dur sera difficile à avaler.